Joseph Haydn

Seconde moitié du XVIIIème
Joseph Haydn (1732-1809)

Haydn, fils de charon, montre rapidement un don particulier pour la musique.
Sa justesse d’intonation et sa jolie voix lui permettent d’entrer à l’âge de huit ans à la cathédrale Saint-Etienne où il reçoit les bases de son éducation musicale. Enfant studieux mais farceur et indiscipliné, il est renvoyé de l’école. Ce renvoi ainsi que l’intervention de son père le sauvent de la castration, moyen fort utilisé à l’époque pour conserver à tout jamais leur belle voix de soprano aux adolescents.
De 1749 à 1758, il vit de leçons, accompagne des chanteurs et des petits orchestres en diverses occasions (petits concerts, tavernes, cabarets). Il parfait son éducation de compositeur en autodidacte, glanant de-ci de-là des conseils auprès de musiciens expérimentés.
Il devient ainsi Kapellemeister du Comte Morzin. Il lui compose ses premiers quatuors et ses premières symphonies.
En 1760, l’orchestre est licencié.
Le compositeur entre alors au service de la famille Esterhazy pour trente années durant lesquelles il va créer une très grande partie de son oeuvre (d’abord à Eisenstadt puis à Esterhaza en Hongrie) .
Quoique à l’abri des soucis matériels, Haydn est coupé du monde extérieur.
Après un mariage raté et une vie de reclus au service du Prince, il dira: “Personne ne pouvait me tourmenter ni me faire douter de moi-même, de sorte que, sans le vouloir, je devins original”.
Cet isolement lui pèse, mais il se plaint surtout d’avoir une formation orchestrale extrêmement rigide.
Durant cette période, il compose près de quatre-vingt-dix symphonies, plus de quarante quatuors, ainsi que des oeuvres lyriques aujourd’hui délaissées.
Trente années de composition acharnée dans ce contexte d’isolement le poussent à une remise en cause constante. Il quitte progressivement le style galant et perfectionne la forme sonate. Il la propage et l’expérimente dans ses symphonies, sa musique de chambre et surtout dans ses quatuors qui vont tant marquer Mozart et Beethoven.
Ses oeuvres deviennent plus denses, plus complexes, les relations thématiques de plus en plus fouillées.
Haydn travaille en artisan, comme un horloger. Il élabore le classicisme dans ses valeurs essentielles à partir desquelles Mozart pourra s’épanouir. Beethoven y trouvera la base d’une nouvelle esthétique qui deviendra le fondement des futurs romantiques.

En 1790, le vieux Prince Esterhazy meurt. Haydn est congédié. Ayant reçu du Prince un traitement à vie, il s’installe à Vienne où il découvre qu’il est un des musiciens les plus connus d’Europe.
En effet, le Prince Esterhazy avait fait éditer et promu la plus grande partie de son oeuvre, et l’avait abondamment diffusée auprès des autres cours d’Europe.
Dans cette aura de gloire, Haydn compose ses douze dernières symphonies (qui préfigurent déjà le romantisme), et ses deux oratorios “monumentaux” : “La Création” et “Les Saisons”.
Il voyage à Londres où il trouve une nouvelle liberté pour composer, revenant régulièrement à Vienne. Il y meurt en 1809, laissant derrière lui 104 symphonies, 84 quatuors, 21 trios à cordes, un grand nombre de lieder, 45 trios avec clavier, 62 sonates pour clavier, et des oeuvres lyriques tout aussi importantes par le nombre (13 opéras, 14 messes, etc).

Son influence sur Mozart a été incontestable et il fut l’un des professeurs de Beethoven. Il a couvert toute la seconde partie du XVIIIème siècle et le début du XIXème, marquant ainsi de son passage tous les styles et genres de ces époques.
Il a définitivement assis, sous l’influence du Prince Esterhazy, la prédominance de la musique instrumentale à Vienne et en Europe.
Il a synthétisé les lois de la musique “classique” héritées de C.P. E. Bach, de l’école de Mannheim et des Maîtres de l’époque, à partir desquelles lui-même et tous les compositeurs contemporains et à venir vont pouvoir évoluer.
“Nul autre que Joseph Haydn n’a su tout faire, amuser autant que terrifier, soulever autant le rire que de profonds sentiments, et, tout cela, le faire bien”. W.A. Mozart.